Antonio Vivaldi compose son opera seria « L’Olimpiade » en 1734 à Venise, à partir du livret écrit par le poète Métastase d’après Hérodote et qui est repris dans une soixantaine de compositions musicales, dont les versions de Caldara (1733) et de Pergolese (1735). Le succès de la version de Vivaldi est aussi retentissant qu’immédiat. L’action se déroule près de la ville d’Olympie le jour des jeux. Mais le livret sert avant tout de prétexte à un formidable débordement mélodique où rivalisent amitiés trahies et amours contrariées. C’est l’une des plus belles pages de Vivaldi où l’écriture musicale, constamment renouvelée, sait tirer parti, avec bonheur, de la grande variété des situations dramatiques. Dirigé par le maître vivaldien Jean-Christophe Spinosi, on se régale de retrouver l’athlétique Jakub Józef Orliński, aussi à l’aise dans les vocalises que dans l’exercice du break dance. Le metteur en scène Emmanuel Daumas puise son inspiration dans la ferveur et l’émotion suscitée par les exploits sportifs des Jeux Olympiques de Paris 2024.La volonté d’exalter le dépassement de soi est le ferment des champions et aussi des chanteurs, dont la virtuosité extrême suscitait l’émerveillement des spectateurs vénitiens du 18ème siècle. Dans le décor actuel d’un gymnase où les sportifs s’entraînent, Emmanuel Daumas s’amuse à explorer la dualité entre idolâtrie des chanteurs et l'adoration des corps des athlètes, et tire profit des prouesses vocales et physiques de Jakub Józef Orliński, pour le plus grand plaisir des spectateurs.