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La Damnation de Faust - Théâtre des Champs-Élysées

A partir de 2025, le Théâtre des Champs-Elysées met à l’honneur l’opéra français en choisissant d’ouvrir chaque saison avec une nouvelle production du répertoire lyrique national. Le premier opus est un défi en soi : « La Damnation de Faust » d’Hector Berlioz. Composé en 1846, Berlioz considérait sa Damnation comme une «légende dramatique» et refusait qu’elle soit réduite à un genre musical. Ce n’est donc pas un opéra, un oratorio, ou une symphonie avec voix mais une succession de tableaux (Marche Hongroise, Danse des Sylphes, Course à l’abîme) illustrant les errements de Faust, sa complicité avec le Diable et son amour fatal pour Marguerite. Fasciné par la traduction du Faust de Goethe par Gérard de Nerval, Berlioz au sommet de sa maturité y déverse toute sa science de l’orchestre, sa stupéfiante maîtrise de la polyphonie chorale et son écriture vocale à la fois neuve, expressive et redoutablement difficile. La force de sa proposition de la metteuse en scène Silvia Costa, qui fut la collaboratrice de Romeo Castellucci, repose sur un théâtre visuel et poétique nourri par une profonde réflexion sur les images et la nostalgie de l’enfance perdue. Le jeune chef allemand Jakob Lehmann, remarqué pour son exécution instrumentale précise et subtile du répertoire romantique, dirige l’orchestre Les Siècles ainsi que le Chœur et la Maîtrise de Radio France.
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Don Giovanni - Opéra national du Capitole

Commandé par l’Opéra de Prague en 1787, Don Giovanni est le deuxième des trois opéras que Mozart composa sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Précédé par le succès des Noces de Figaro en 1786 et complété par Così fan tutteen 1790, Don Giovanni est la pierre angulaire de la collaboration entre Mozart et Da Ponte, les trois chefs-d’œuvre conçus sur le modèle en vogue de l’opera buffa italien ayant pour thème commun la liberté du désir. Le livret de Don Giovanni reprend le mythe du séducteur libertin puni, né dans le contexte du Baroque espagnol, que Tirso de Molina et Molière, entre autres, avaient déjà rendu célèbre. Don Giovanni est, avec La Flûte enchantée l'opéra qui eut le plus d'influence sur les compositeurs romantiques, par son mélange d'éléments comiques (buffa) et tragiques (seria) - synthèse annoncée par sa qualification de dramma giocoso (« drame joyeux »). L'ouvrage est aujourd'hui considéré comme un des opéras majeurs de Mozart, mais aussi de tout l'art lyrique, et Richard Wagner le qualifiait d'« opéra des opéras ».
Auteur, réalisatrice, comédienne, Agnès Jaoui a choisi d’inscrire sa mise en scène dans l’histoire, sans chercher à transposer le mythe. Les superbes décors d’Eric Ruf et les somptueux costumes semblent tirés de tableaux du Siècle d’or espagnol. Pour autant sa vision de l’œuvre fait écho à nos préoccupations contemporaines : Don Giovanni s’avère un abject prédateur sexuel dont la position sociale lui permet de demeurer impuni.
Cette nouvelle production de l’Opéra national du Capitole est aussi la réussite d’un pari artistique, en confiant la direction musicale au jeune chef italien Riccardo Bisatti, et offrant une prise de rôle aux deux chanteurs principaux : Nicolas Courjal pour Don Giovanni et Karine Deshayes dans celui de Donna Elvira.
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